QUARTIER en capitale(s) | Photographies de Jocelyn Faroche

QUARTIER en capitale(s) | Photographies de Jocelyn Faroche

En escargot… et en zigzag… (extrait).

J’habite Porte de Ménilmontant et mon regard s’est vite posé sur ces accès à la capitale. J’ai déambulé pendant de nombreux mois autour de la ville pour faire l’inventaire de ses 56 portes en photos argentiques 6×6 noir et blanc : « La porte ! » 

Pendant ces pérégrinations, l’idée m’est venue d’élargir ce point de vue vers l’intérieur de la cité, d’en franchir les limites avec mon appareil photo. D’en faire un sujet global. Un nouvel inventaire parmi mes séries passées, en cours et futures. Comment s’y prendre, comment s’y perdre, comment s’y retrouver ? En me documentant, j’ai découvert le découpage administratif (de 1846) de Paris en 20 arrondissements divisés en 4 quartiers chacun : 80 photos. Arithmétique, logique, donc facile ! Tellement facile, qu’impossible à imaginer, à chiffrer, à financer : trop cher, trop grand, trop long… Trop près aussi, et moi certainement pas encore prêt à regarder « ma » ville. Il était plus simple de continuer mes travaux personnels et d’autres projets, ailleurs, loin de chez moi…,
Ailleurs, c’est plus simple, tellement plus simple, ailleurs !

 

Pour acheter un tirage numéroté : Jocelyn Faroche, photographe jocelyn.faroche@wanadoo.fr | +33 6 14 44 94 37

Tirages Picto Lambda 24X24 cm (réalisés par Fred Jourda sous le contrôle de l’auteur) encadrés sous passe-partout 30×30 Signés – Numérotés sur 100 exemplaires : 400 €

En escargot…

et en zigzag… (et d’abord, en rond, pour des carrés).

Après le décrochage de l’exposition de mon premier travail d’envergure, « Douze Fabriques aux Carrés », en Lorraine, sur les trois frontières, il y a 25 ans, je suis rentré chez moi, à Paris.

J’ai tourné en rond à la recherche d’un sujet à photographier plus proche. J’habite Porte de Ménilmontant et mon regard s’est vite posé sur ces accès à la capitale. J’ai déambulé pendant de nombreux mois autour de la ville pour faire l’inventaire de ses 56 portes en photos argentiques 6×6 noir et blanc : « La porte ! »

Pendant ces pérégrinations, l’idée m’est venue d’élargir ce point de vue vers l’intérieur de la cité, d’en franchir les limites avec mon appareil photo. D’en faire un sujet global. Un nouvel inventaire parmi mes séries passées, en cours et futures. Comment s’y prendre, comment s’y perdre, comment s’y retrouver ?

En me documentant, j’ai découvert le découpage administratif (de 1846) de Paris en 20 arrondissements divisés en 4 quartiers chacun : 80 photos. Arithmétique, logique, donc facile ! Tellement facile, qu’impossible à imaginer, à chiffrer, à financer : trop cher, trop grand, trop long… Trop près aussi, et moi certainement pas encore prêt à regarder « ma » ville. Il était plus simple de continuer mes travaux personnels et d’autres projets, ailleurs, loin de chez moi…, en Scandinavie, à Genève, dans les Pays Baltes, en Albanie, au Bénélux, au Havre, et, retour en Lorraine pour photographier la suite du désastre de la désindustrialisation : « Risque d’effondrement brutal »… Ailleurs, c’est plus simple, tellement plus simple, ailleurs !

Le temps est passé, pour moi comme pour tous. Et, pour moi, le temps est venu. Le projet n’a été envisageable que par une conjonction de paramètres, dans une étrange interaction. L’âge de « raison » du photographe, le temps qui se libère, l’achèvement ou la suspension des travaux en cours, la raréfaction des travaux de commandes, les difficultés à voyager ailleurs… Et l’acquisition inespérée de matériel numérique moyen format, qui succède à mes deux Hasselblad si chers à mon œil, mais de plus en plus chers à utiliser pour de grands projets ! Il ne reste plus qu’à remplacer le laboratoire par l’ordinateur… les classeurs de négatifs par des disques durs… Un plan de Paris et des tickets RATP… Et c’est parti…

… En escargot… L’idée m’est rapidement venue de commencer par le 1er arrondissement, que je connais depuis toujours pour des raisons familiales et professionnelles. Si la lecture en escargot du 1er au 20e arrondissement semble géographiquement logique, pour l’écriture photographique, le zigzag s’est vite imposé, souvent à la vitesse de l’escargot. Parvenir à attraper l’impossible moment du paysage, dans sa lumière particulière, sans présence humaine, ou si peu, prend un temps élastique.

Au travers de l’appareil, la découverte de lieux inconnus, familiers ou méconnaissables, m’a très vite captivé. Cela m’a poussé à construire ce nouveau projet, avec ce nouveau matériel.

Au fur et à mesure de la collection des paysages, j’ai été doucement renvoyé à toute mon existence dans cette ville. J’ai toujours eu le sentiment d’en être un petit élément, anonyme, et à la fois aussi indispensable que les millions d’autres. Il a fallu, à ce moment-là, garder la distance, et rester discret, sans rien effacer des traces de ma vie qui parsèment ce travail. Ne pas se laisser déborder par une nostalgie hors-sujet, même si parfois, les bonheurs passés, les petits riens, et les déchirures atroces sont manifestement là… Alors, quand ça arrive : une pause, dans un de ces bistros parisiens que j’aime tellement, un café, un sandwich, un plat du jour, un demi… Service à toute heure… Et ça repart !

Aujourd’hui le nombre de 80 photos est largement dépassé, et il me reste tant à faire. A l’heure de la multiplicité des images de tout, partout, il faut rester dans la démarche qui m’anime depuis mes débuts de travail d’inventaires : pas à pas, en escargot, rigoureux et peut-être austère malgré les zigzags.

Un appareil photo, un objectif, un point de vue carré.

Mais, jusqu’où, jusqu’à quand ? Jusqu’à l’épuisement des lieux et du photographe ? On verra bien, le jour venu.

Mon père, ouvrier parisien à l’enfance cabossée, né rue Vercingétorix dans le 14e arrondissement de Paris, quartier Plaisance, m’a appris les rudiments de la photo, au travers de son Semflex au format carré. Il a guidé mes premiers développements dans la salle de bain transformée en labo improvisé. Il avait fabriqué son agrandisseur en «perruque» à l’atelier, rue Madame dans le 6e arrondissement de Paris, quartier Odéon… Avant le déménagement de l’atelier rue de la Folie-Régnault dans le 11e arrondissement de Paris, quartier Roquette.

Il nous a quittés brutalement il y a 10 ans et quelques semaines.

Je lui dois tellement, malgré bien des désaccords et des oppositions radicales.

Il connaissait et aimait «son» Paris comme personne, lui qui avait eu l’envie de devenir taxi parisien étant jeune. Ce travail photographique déambulatoire parisien lui est chaleureusement dédié.

20e arrondissement de Paris, quartier Saint-Fargeau, le 16 avril 2023
Jocelyn Faroche

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michel bazinet

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